Chaque année, la Journée nationale de l’Arbre constitue un moment clé pour rappeler l’importance cruciale de la préservation de notre environnement. Pourtant, à l’heure où la déforestation et la dégradation des écosystèmes s’accélèrent, force est de constater que cette célébration peine à transcender le simple symbole pour devenir un véritable levier de changement. La 41e édition, organisée cette année au Bénin, devrait ainsi servir de catalyseur à une prise de conscience collective, mais demeure malheureusement encore bien loin de ses ambitions.
Depuis des décennies, la sagesse du général Mathieu Kérékou résonne comme un appel à l’écoute de la nature : « Nos ancêtres nous ont laissé des arbres, des eaux, des animaux, des plantes. Ce sont nos biens précieux. » Pourtant, cette sagesse semble se perdre face à une urbanisation galopante, une exploitation forestière effrénée et une absence criante de politiques véritablement engagées dans la gestion durable des ressources naturelles. La situation est alarmante : selon les chiffres officiels, le Bénin perd chaque année plusieurs hectares de forêts, compromettant non seulement la biodiversité, mais aussi la sécurité alimentaire et l’économie locale.
Il est temps de questionner la réelle portée de cette journée. La sensibilisation reste embryonnaire, souvent cantonnée à de simples cérémonies symboliques, sans véritable suivi ni engagement concret. Les jeunes, premières victimes de cette dégradation, sont encore trop peu sensibilisés aux enjeux écologiques, malgré des initiatives sporadiques. La conscience collective semble encore trop souvent figée dans une vision utilitariste, où les arbres sont perçus comme un obstacle à l’urbanisation ou à la croissance économique immédiate.
Il faut également dénoncer l’inefficacité des politiques publiques en matière de reforestation et de gestion durable. L’absence de plans ambitieux, accompagnés d’un financement suffisant, fragilise la lutte contre la déforestation et l’érosion de la biodiversité. La responsabilité incombe autant aux autorités qu’à chaque citoyen : il est urgent de remettre la nature au cœur de nos préoccupations, non pas comme une ressource à exploiter sans limite, mais comme un patrimoine à préserver pour les générations futures.
Le message du général Mathieu Kérékou doit continuer à vibrer dans nos consciences : préserver les arbres, c’est préserver notre avenir. La 41e édition de cette journée doit inciter à une réflexion profonde, à une action concrète et durable. La question n’est pas seulement de planter des arbres, mais de changer notre rapport à la nature, de cultiver une conscience écologique authentique, enracinée dans la responsabilité individuelle et collective.
Il est temps que cette journée ne soit pas qu’un simple rendez-vous annuel, mais le début d’un mouvement sincère pour la sauvegarde de notre environnement. La nature ne peut attendre. Laissons notre héritage à la hauteur de la sagesse du général Mathieu Kérékou, en plantant des graines de changement dans chaque esprit, chaque action, chaque décision. Car l’avenir de notre pays, et de notre planète, en dépend.
Hugues Hector ZOGO