C’est le mot «médical» qui m’a attirée – Sandra MASSIN

1. Pouvez-vous nous raconter votre enfance et comment elle a influencé votre choix de devenir technicienne en imagerie médicale ?

Depuis mon enfance, j’ai toujours nourri le désir de faire une carrière dans le domaine de la santé. Mon attachement à ce secteur est né d’un profond intérêt pour le mot « médical » et la passion que j’ai toujours eue pour aider les autres à retrouver la santé. Après avoir obtenu mon baccalauréat, j’ai choisi une filière liée à la santé, ce qui m’a permis aujourd’hui d’exercer en tant que technicienne de radiologie. Mon parcours a été guidé par cette volonté constante d’apporter ma contribution au bien-être des patients et de contribuer au système de santé de mon pays.

2. Quelles sont les personnes ou les événements de votre passé qui ont été déterminants dans votre parcours professionnel ?

Les événements ayant marqué mon parcours professionnel sont liés à la maladie répétitive de mon jeune frère, puis à celle de mon père. Ces expériences personnelles m’ont profondément sensibilisée à l’importance de la médecine et du soin. Elles ont renforcé ma détermination à poursuivre dans cette voie, en m’incitant à me spécialiser dans le domaine de l’imagerie médicale afin d’être utile aux autres dans des moments difficiles.

3. Qu’est-ce qui vous a initialement attirée vers le domaine de la radiologie et de l’imagerie médicale ?

C’est le mot « médical » qui m’a attirée, étant donné ma passion pour la santé et le soin. La radiologie représente pour moi un secteur où la technologie et la médecine se conjuguent pour sauver des vies. J’ai été fascinée par la précision de cette discipline, qui permet de diagnostiquer et d’intervenir de manière efficace, contribuant ainsi à la prise en charge globale du patient.

4. Y a-t-il une expérience particulière ou un patient qui vous a marqué(e) et qui vous a donné encore plus de passion pour votre métier ?

Je me souviens d’un lundi où un patient, venant de Toffo, est venu pour une radiographie à l’hôpital de Zone. Lorsqu’il a appris le coût de l’examen, il s’est plaint de ne pas avoir les moyens financiers. Cependant, j’ai senti qu’il s’agissait d’une urgence chirurgicale et qu’il fallait absolument le garder à l’hôpital pour le sauver. Je lui ai expliqué la gravité de sa situation, et malgré ses hésitations liées à son manque de moyens, j’ai insisté pour qu’il reste sous surveillance. Je l’ai orienté vers le service de chirurgie, qui l’a pris en charge, et j’ai suivi son dossier jusqu’à la fin. Cette expérience m’a profondément marquée, car elle a renforcé ma conviction que chaque vie compte et que mon rôle dépasse la simple technique pour inclure un aspect humain essentiel.

5. Comment avez-vous commencé votre carrière et quelles ont été les étapes clés de votre évolution professionnelle ?

J’ai débuté ma carrière à l’École polytechnique d’Abomey-Calavi, où j’ai soutenu une licence professionnelle avec mention excellente. Mon parcours a été marqué par une période de volontariat mise en place par le gouvernement de Boni Yayi, destiné à soutenir les jeunes diplômés. Cette initiative m’a permis de gagner en expérience et de renforcer mes compétences. Par la suite, grâce à mes compétences reconnues dans les hôpitaux, j’ai été recrutée par l’hôpital de Zone pour travailler en tant que technicienne de radiologie dans leur service d’imagerie médicale. C’est ainsi que j’ai commencé à évoluer dans ce métier, en continuant à apprendre et à m’investir chaque jour pour offrir un service de qualité.

6. Quelles rencontres ou collaborations ont été pour vous des moments forts ou des sources d’inspiration dans votre travail ?

Dans mon quotidien, je côtoie souvent des autorités et des professionnels recommandés ou qui me recommandent à leur tour. Ces rencontres, souvent avec des médecins ou des responsables de santé, m’ont permis de recevoir des retours positifs sur la qualité de mon travail et sur la façon dont j’accueille les patients. Ces appréciations sont une source constante de motivation, car elles me prouvent que je suis sur la bonne voie et qu’en étant professionnelle et humaine, je peux faire une réelle différence dans la vie des personnes que je soigne.

7. En quoi votre travail vous permet-il de vous sentir utile ou de faire une différence dans la vie des patients ?

Mon travail me permet d’aider les plus démunis, souvent face à des situations d’urgence ou de grande détresse. Je suis reconnue comme une personne qui aide beaucoup les patients, qui leur offre un accompagnement empathique et qui place leur bien-être au cœur de ses préoccupations. Les médecins viennent parfois me dire que leur problème est déjà résolu parce que je suis là, ce qui me touche profondément. Sentir que je contribue activement à sauver des vies ou à soulager la souffrance, c’est ce qui me donne un sentiment d’utilité et de fierté dans mon métier.

8. Pouvez-vous partager une anecdote qui illustre votre dévouement ou votre rigueur dans l’exercice de votre profession ?

Je dis souvent à mes stagiaires qu’au travail, on doit traiter chaque patient comme si c’était un membre de notre propre famille. Une anecdote qui m’a marqué est celle d’un stagiaire que j’ai encadré. Je lui ai rappelé que dans notre métier, la précision et le sérieux sont indispensables, car demain, c’est peut-être lui ou un proche qui se retrouvera dans la même situation. Je lui ai insisté sur l’importance de ne pas négliger la moindre étape, car la moindre erreur peut avoir des conséquences graves. Cette rigueur, je l’applique quotidiennement, car la vie humaine ne tolère pas l’improvisation.

9. Quelles qualités personnelles pensez-vous avoir développées grâce à votre expérience dans le domaine de l’imagerie médicale ?

Grâce à mon expérience, j’ai développé la capacité à travailler sous pression, à m’adapter rapidement à toutes sortes de situations et à faire preuve de patience et de précision. Je peux gérer le stress lié aux urgences tout en maintenant la qualité de mon travail. Cette résilience et cette capacité d’adaptation sont essentielles dans un secteur aussi sensible où chaque seconde compte.

10. Comment gérez-vous la pression ou le stress lié à votre métier, surtout lors de situations difficiles ou d’urgences ?

Je gère la pression en gardant mon calme, en restant concentrée sur la tâche à accomplir. Je sais que dans notre métier, il faut parfois faire face à des situations très difficiles, mais il est crucial de maintenir une attitude posée et professionnelle. Lors de moments de forte tension, je prends quelques instants pour respirer profondément, pour me recentrer, puis je continue avec rigueur. Je suis consciente que le stress peut affecter la qualité du résultat, c’est pourquoi je m’efforce de toujours garder une attitude sereine.

11. Quelle importance attachez-vous à la formation continue et comment vous tenez-vous à jour avec les nouvelles technologies ou pratiques dans votre secteur ?

Dans un domaine aussi évolutif que la radiologie, la formation continue est essentielle. Je participe régulièrement à des formations, des ateliers et des séminaires pour apprendre les nouvelles techniques et me tenir informée des avancées technologiques. Cela me permet de rester compétente et d’offrir des soins de qualité, en utilisant les outils les plus performants pour le bénéfice des patients. La mise à jour constante de mes connaissances est pour moi une priorité afin d’être toujours à la pointe de mon métier.

12. Pouvez-vous nous parler de votre famille et de leur rôle dans votre parcours professionnel ou de votre soutien dans vos projets ?

Ma famille a toujours été un soutien indéfectible dans mon parcours. En tant qu’enfant, j’ai toujours été encouragée à travailler dur, et tout ce que je voulais, ils se sont toujours efforcés de me le permettre. Leur soutien moral et financier m’a permis de poursuivre mes études et de me spécialiser dans la radiologie. Malheureusement, aujourd’hui, mon père n’est plus là pour bénéficier de cette grâce, mais le reste de ma famille reste très impliqué dans mes projets. Leur présence et leur confiance m’ont toujours encouragée à aller de l’avant.

13. En quoi votre attachement à votre pays, le Bénin, influence-t-il votre engagement professionnel ou vos projets futurs ?

Mon attachement au Bénin est profondément enraciné dans mon désir de contribuer au développement de la santé dans mon pays. Je suis convaincue que, si je peux occuper une position de responsabilité, je pourrai réaliser de grandes choses pour améliorer le système de santé, notamment en mettant en place des initiatives pour renforcer l’accès aux soins et la sensibilisation. Mon engagement est motivé par la volonté de faire avancer mon pays, de relever les défis du secteur de la santé et de participer à un avenir meilleur pour tous.

14. Avez-vous des rêves ou des projets spécifiques pour contribuer au développement de la santé ou de la médecine en Afrique ?

Oui, mon rêve est de mettre en place un plan de santé visant à permettre à la classe sociale la plus défavorisée d’accéder à des soins de qualité. Je souhaite également participer à la formation et à la sensibilisation des jeunes professionnels, notamment en radiologie, afin de renforcer les compétences locales. Mon ambition est de contribuer à une médecine plus accessible et plus efficace pour tous, en particulier dans nos pays africains où l’accès aux soins reste encore difficile.

15. Si vous pouviez changer quelque chose dans le système de soins ou dans votre environnement professionnel, qu’est-ce que ce serait ?

Je souhaiterais voir une sensibilisation accrue auprès de mes collègues concernant l’accueil et la prise en charge des patients. L’accueil est une étape fondamentale qui peut influencer la perception et la confiance du patient dans le système de santé. Parfois, certains patients ne reviennent pas chercher leurs résultats parce qu’ils ont été mal accueillis ou mal informés. Je m’efforce donc de sensibiliser mes collègues à l’importance d’un comportement humain et empathique, car cela peut faire toute la différence dans la prise en charge.

16. Quelles sont selon vous les plus grandes opportunités pour améliorer la radiologie et l’imagerie médicale dans votre pays ou en Afrique ?

L’une des plus grandes opportunités réside dans le doter tous les hôpitaux d’un service d’imagerie médicale moderne. Cela permettrait de soulager considérablement la charge sur les centres spécialisés et d’accélérer le diagnostic, notamment dans les zones rurales ou sous-équipées. De plus, l’investissement dans la formation continue et la modernisation des équipements pourrait transformer radicalement la prise en charge des patients et faire progresser la médecine dans nos pays.

17. Comment voyez-vous votre avenir professionnel dans les années à venir ? Avez-vous des objectifs précis ou des rêves que vous souhaitez réaliser ?

Je souhaite poursuivre dans le domaine de la santé, en m’orientant vers la santé communautaire. Mon objectif est de participer à des projets de développement de la santé à l’échelle locale et nationale, en sensibilisant la population aux enjeux de la prévention et du dépistage précoce. Je rêve également de pouvoir former de jeunes professionnels et de contribuer à renforcer le système de santé de mon pays pour qu’il devienne plus accessible et efficace.

18. Quelles valeurs ou principes vous guident dans votre travail et dans votre vie personnelle ?

Les valeurs qui me guident sont le respect de l’autre, la loyauté et la recherche de l’excellence dans tout ce que j’entreprends. Je m’efforce d’être toujours humaine, empathique et rigoureuse, car je crois que ces qualités sont essentielles pour gagner la confiance des patients et pour faire un travail de qualité. La persévérance et l’intégrité sont également des principes fondamentaux qui orientent mes actions quotidiennes.

19. Pouvez-vous évoquer une rencontre ou une expérience qui a profondément marqué votre vision de la médecine ou de la vie en général ?

Les décès que j’ai malheureusement vécus dans le cadre de mon travail ont été des expériences très marquantes au début de ma carrière. Libérer un patient et apprendre qu’il est décédé est une épreuve difficile, mais elle m’a aussi appris à mieux faire mon travail pour éviter que cela ne se reproduise. Ces expériences m’ont renforcée dans ma volonté de toujours donner le meilleur de moi-même, en me rappelant que chaque vie est précieuse et que notre devoir est de tout faire pour la préserver.

20. Enfin, qu’aimeriez-vous partager avec les jeunes ou avec d’autres femmes qui envisagent de suivre une voie similaire à la vôtre ?

Je leur dirais d’aimer le travail bien fait, d’être plus humanistes dans leur approche, et de ne pas se laisser distraire par la quête de l’argent. La passion, la rigueur et l’engagement sincère sont les clés du succès dans notre métier. Il faut aussi croire en soi, persévérer face aux difficultés et toujours garder en tête que notre rôle est d’apporter du mieux possible aux autres, pour faire évoluer notre secteur et notre pays.