Il souhaitait simplement optimiser son temps, mais c’est une nuit entière qu’il a écopée au poste de police…
Parlons de l’incident impliquant Coffi, un jeune entrepreneur d’une trentaine d’années, dont l’ambition et la détermination ne sauraient être contestées. Ce matin-là, il se rendait à un rendez-vous d’affaires d’une importance capitale, un moment décisif susceptible de propulser son entreprise vers de nouveaux sommets. Son esprit était concentré sur les enjeux de cette rencontre, sur la maîtrise des chiffres, sur la nécessité de présenter des arguments solides. Chaque seconde comptait.
Alors qu’il empruntait la route à une allure prudente afin d’éviter tout retard, il fut stoppé par un barrage de contrôle policier. Il s’immobilisa, remit ses papiers d’identité sans opposer de résistance, mais la mine empreinte d’une impatience manifeste. Chaque minute d’attente accentuait son stress, son agitation se faisant plus perceptible ; il tapait nerveusement du doigt sur le volant, consultait sa montre avec insistance, laissant échapper un soupir bruyant. La frustration montait en lui.
À bout de patience, il lâcha d’un ton sec et autoritaire : « Rendez-moi vite mes papiers ! J’ai d’autres obligations plus importantes que d’attendre ici pour rien ! » La réponse de l’agent, qui lui signifiait qu’il effectuait simplement un contrôle de routine, ne calma pas l’agité. Au contraire, Coffi commit l’erreur fatale : il arracha brusquement ses documents des mains du policier et tenta de redémarrer son véhicule sans attendre l’autorisation.
L’attitude de Coffi, jugée irrespectueuse et provocatrice, suscita une réaction immédiate de la part de ses collègues policiers. L’un d’eux se plaça devant la voiture, un autre s’approcha de la portière. La tension monta d’un cran. Coffi fut sommé de sortir du véhicule. Malgré ses protestations, affirmant être en règle, son comportement impulsif justifia son arrestation pour outrage à agent.
D’abord abasourdi, il fut menotté et conduit au commissariat où il passa une nuit éprouvante. Le lendemain matin, il comprenait la gravité de la situation lorsqu’un officier lui expliqua froidement les sanctions encourues : emprisonnement et lourde amende. C’est à ce moment qu’il prit conscience que la parole précipitée peut peser lourd dans la balance judiciaire. Quand la bouche dépasse la raison, c’est souvent le casier judiciaire qui freine la progression. Il est alors crucial de percevoir l’uniforme avec respect… ou d’y faire face derrière des barreaux.
Au Bénin, l’outrage à agent constitue une infraction clairement définie par l’article 408 et suivants du Code pénal. Il s’agit de toute parole, tout écrit, tout geste ou attitude injurieuse, méprisante ou menaçante à l’encontre d’un agent de la force publique (policier, gendarme, douanier…), d’un magistrat (juge, procureur…) ou de tout représentant de l’État dans l’exercice de ses fonctions. Il ne se limite pas aux insultes : un ton irrespectueux, une parole déplacée, un geste brusque ou une attitude provocatrice peuvent suffire à caractériser l’infraction.
Selon l’article 408 du Code pénal, le contrevenant risque une peine allant de un à trois mois d’emprisonnement, une amende comprise entre 50 000 et 250 000 FCFA, ou l’une de ces deux sanctions seulement. Cependant, si l’outrage s’accompagne de violence, les sanctions peuvent être considérablement alourdies.
Face aux forces de l’ordre, la meilleure stratégie reste la maîtrise de soi. Il est vivement conseillé de garder son calme, de faire preuve de respect et de patience. En effet, un simple excès d’impatience peut coûter cher, comme ce fut le cas pour Coffi : une nuit en détention, une convocation judiciaire, et le risque d’une peine de prison effective. La sagesse consiste à réfléchir avant d’agir, car cinq minutes de retenue peuvent vous épargner des mois de complications judiciaires.
Rappelons enfin que respecter un agent ne signifie pas lui faire la cour, mais simplement faire preuve de civisme. La courtoisie et la retenue devant une autorité administrative ou policière sont les meilleures protections contre des conséquences désastreuses. La patience et le respect constituent, en toute circonstance, des armes efficaces pour préserver notre liberté et notre dignité.
Car, en définitive, un excès d’impatience peut coûter cher, mais le respect peut vous éviter de finir derrière des barreaux.
Réfléchissons avant d’agir : la sagesse civique commence par la maîtrise de soi.
Mariano GANGNI-AHOSSOU