Lorsque les principes fondamentaux se déforment, tels des plastiques soumis à une chaleur excessive, lorsque la morale se plie aux exigences du marché, et que l’on débute une déclaration par « Moi, je suis honnête, mais… », il devient évident que l’intégrité, celle qui ne connaît aucune concession, est en péril.
Il ne s’agit pas d’une simple vertu, mais d’un idéal intangible, d’un principe inviolable : l’intégrité sans condition.
Celle qui refuse toute dissimulation devant l’éclat des projecteurs.
Celle qui ne baisse pas le regard face aux figures de pouvoir.
Celle qui ne vacille pas, même lorsque l’offre devient tentante, sucrée.
Celle qui demeure ferme, même isolée, même épuisée.
Aujourd’hui, la compromission se pare de l’étiquette du « bon sens ».
Le silence devient une stratégie prudente.
Le mensonge se drape dans une posture stratégique.
Et l’honnêteté ? Elle est désormais perçue comme une aberration dans ce monde où tout s’accélère.
L’intégrité inconditionnelle, c’est cette posture du fonctionnaire intègre qui refuse de recevoir une enveloppe sous la table.
C’est ce jeune qui restitue fidèlement ce qu’il a trouvé.
C’est cette vendeuse qui comptabilise jusqu’au dernier franc.
C’est cet élu qui renonce à la collusion pour préserver sa dignité.
Mais cette intégrité est constamment menacée : ridiculisée, tentée, enfermée dans une cage invisible.
Elle est étranglée par l’indifférence collective.
Elle est étouffée par l’impunité qui protège les délinquants de la vertu.
Lorsque les voleurs deviennent exemplaires, lorsque les tricheurs reçoivent des félicitations, lorsque la vérité devient une denrée rare et coûteuse, alors c’est la République elle-même qui vacille sur ses bases.
Il est impératif de le proclamer haut et fort, avec force et clarté :
Un peuple dépourvu d’intégrité s’engage sur la voie du suicide collectif à petit feu.
Ce processus de démantèlement est lent, silencieux, mais profondément dévastateur.
Il détruit la confiance citoyenne, gangrène les institutions, fracture le tissu social, et enterre l’espérance collective. Pourtant, l’espoir n’est pas éteint, car l’intégrité véritable ne se décrète pas : elle se choisit, se forge et se vit au quotidien.
Elle commence dans les petites actions : refuser la copie illégale, rejeter la falsification, refuser de salir son nom. Pas par souci d’être observé, mais parce que l’on souhaite pouvoir se regarder dans le miroir sans rougir ni baisser les yeux.
Levez-vous, donc. Non pas en héros parfaits, mais en êtres debout, conscients de leur devoir civique.
Soyons des modèles dans un monde éclaté, des phares dans l’obscurité.
Soyons ces citoyens exemplaires, discrets mais solides, dont l’intégrité ne connaît aucune condition.
Et lorsque le moment venu, l’Histoire cherchera à décerner ses distinctions, vous serez parmi ceux dont on dira qu’ils ont incarné la vertu, plutôt que parmi ceux qui ont trahi leur devoir.
Mariano GANGNI-AHOSSOU