Dans cette interview exclusive, Repères Impacts donne la parole à Madame Claudiane ADIGBONON. Ingénieure des laboratoires d’analyses biomédicales et de la science en Afrique. Ici, elle conjugue carrière de pointe et engagement citoyen, avec un leadership féminin. Mère de deux enfants, elle partage comment sa famille a forgé ses valeurs : exigence, rigueur, solidarité et équité. Elle décrit ses actions communautaires, ses rêves pour l’Afrique et ses conseils pour la jeunesse

  1. Pouvez-vous nous parler de votre famille et de l’importance qu’elle a eue dans votre parcours de vie et d’engagement ?

Professionnelle de Biologie médicale accomplie, je suis mariée et mère de deux enfants. Je tiens beaucoup à ma famille, je reçois beaucoup de ses membres. Je peux dire que ma famille est la source de ma stabilité dans tout ce que j’entreprends.

  1. Quelles valeurs familiales vous ont le plus façonnée et accompagnée dans votre carrière ?

Les valeurs familiales qui m’ont le plus façonnée sont l’exigence du travail bien fait, la discipline et la rigueur. Ma famille m’a transmis le sens des responsabilités, le respect d’autrui et l’esprit d’équipe. Le souci d’équité et de solidarité guide mes choix professionnels, notamment en Biologie médicale, afin que chaque décision contribue au bien commun sans discrimination. L’humilité et la capacité d’apprendre de ses erreurs me soutiennent dans les épreuves, me rappelant que l’objectif demeure d’améliorer durablement les conditions de vie des populations.

  1. En dehors de votre vie professionnelle, quels sont les services ou les actions communautaires qui vous tiennent à cœur ?

En tant que Professionnelle de laboratoire biomédicale, je m’implique hors du cadre strictement professionnel dans des actions communautaires orientées vers la prévention et l’éducation sanitaire des populations vulnérables. Je soutiens des associations locales qui promeuvent la vaccination, l’hygiène, la nutrition et la santé maternelle. J’anime des ateliers d’information pour renforcer la littératie en santé et j’accompagne des jeunes femmes dans leur parcours académique et professionnel. J’accorde une attention particulière au mentorat et au développement de réseaux féminins dans les domaines de la santé et de la recherche, afin de faciliter l’accès à l’emploi et à la formation.

  1. Quelles sont vos passions en dehors du domaine scientifique et du travail ?

En dehors du domaine scientifique et professionnel, j’alimente mes passions par les voyages qui me font découvrir des cultures variées, des paysages inattendus et des rencontres enrichissantes; le tourisme me pousse à explorer les villes, les musées et les traditions locales avec curiosité et respect, tandis que le sport occupe une place essentielle pour mon bien-être, que ce soit en pratiquant la course, la natation ou des activités collectives.

Enfin, le shopping, pris comme expérience conviviale, me permet de dénicher des idées originales, des objets utiles et des souvenirs qui prolongent mes découvertes et nourrissent mon esprit aventureux et enthousiaste.

  1. Quel a été votre meilleur souvenir d’enfance, et en quoi ce souvenir vous inspire encore aujourd’hui ?

C’est mon cursus scolaire aux côtés de ma sœur jumelle. Seuls, le travail et l’amour du travail bien fait paient.

  1. Quels défis avez-vous dû relever pour atteindre vos objectifs, et comment les avez-vous surmontés ?

Les défis ont été multiples : préjugés liés au genre, ressources humaines et financières limitées, et lenteurs administratives. J’ai surmonté cela par une démarche méthodique, l’amélioration continue et le travail d’équipe.

Je me suis assurée de cultiver des compétences transversales : gestion de projet, communication claire et collaboration avec les cadres institutionnels et les partenaires techniques. J’ai également sollicité des mentors et rédigé des plans de développement personnel. La constance, la transparence et l’éthique professionnelle ont été mes guides dans les périodes d’incertitude.

  1. En quoi votre enfance ou votre parcours personnel a-t-il influencé votre engagement dans la microbiologie médicale et la recherche ?

Mon enfance et mon parcours personnel ont renforcé ma conviction que la santé est un droit fondamental accessible à tous. J’ai grandi dans un environnement où l’entraide et la solidarité communautaire dominaient, ce qui a nourri mon sens du service et de l’utilité sociale. Cette dimension sociale guide mes priorités en recherche et en politique sanitaire : répondre aux besoins réels des populations, privilégier l’équité, et mettre la science au service de la réduction des inégalités. Elle m’encourage à viser des méthodes innovantes mais concrètes, adaptées au contexte local.

  1. Quelles sont, selon vous, les qualités essentielles pour réussir dans le domaine scientifique en Afrique ?

Il est crucial d’avoir une curiosité insatiable et un esprit d’analyse aiguisé pour identifier les problèmes et formuler des solutions innovantes. La rigueur et la précision sont indispensables pour garantir la fiabilité des résultats, tandis que la créativité permet de trouver des approches originales. Une bonne communication, tant à l’oral qu’à l’écrit, est également essentielle. Enfin, la maîtrise de l’anglais est un atout majeur, voire une nécessité, pour accéder à la documentation et aux collaborations internationales.

  1. Quels sont vos rêves pour votre pays et pour l’Afrique dans les dix prochaines années ?

Je porte le rêve d’une réelle indépendance, une transformation durable et inclusive pour l’Afrique. Cela implique une croissance économique forte et équitable, un renforcement du capital humain, la maîtrise des défis démographiques et la protection de l’environnement.

  1. Quel message aimeriez-vous adresser à la jeunesse africaine qui souhaite s’engager dans des secteurs souvent peu valorisés ou masculins ?

Les jeunes constituent le segment le plus dynamique et le moteur de la croissance et du développement de toute société ; ils constituent le pilier et l’épine dorsale de toute nation. J’aimerais dire à ces jeunes de toujours oser, et surtout de faire ce dans quoi ils se sentent libres et épanouis. Car, tout est permis à celui qui croit en ses capacités, ne jamais rien faire dans le but de plaire aux autres mais plutôt tout faire pour être à l’aise dans sa peau.

  1. Comment voyez-vous l’avenir de la femme africaine dans les domaines de la science, de la santé et du leadership ?

Les femmes se sont avérées être des dirigeantes exceptionnelles, capables de motiver leurs équipes et de faire progresser les affaires. Elles sont les piliers des familles et des communautés. L’élan avec lequel la femme s’insère dans la société de nos jours et dans les prises de décisions me donne la ferme conviction qu’elle aura fréquemment son mot à dire dans la prise des décisions. Si les femmes accordent une priorité plus marquée aux droits de la personne, y compris les droits sexuels et reproductifs, qui s’appliquent à tous, sans égard au sexe alors imaginez ce que donnera donc leur présence accrue dans des postes de leadership.

  1. Quelles sont pour vous les clés d’un leadership féminin efficace et inspirant ?

À mes yeux, les clés du leadership féminin efficace reposent sur l’intégrité, l’empathie et l’élégance du raisonnement. Il faut être capable d’écouter activement, de déléguer avec confiance et de prendre des décisions éthiques, même sous pression. Cultiver la transparence, la responsabilisation et la communication claire favorise l’adhésion des équipes. L’inclusion et la promotion du mentorat permettent de révéler les talents et de lutter contre les stéréotypes. Enfin, une grande capacité d’anticipation et de gestion des conflits, associée à une vision stratégique, inspire et mobilise vers des résultats durables.

  1. Quelles initiatives ou projets aimeriez-vous voir se développer pour encourager plus de jeunes femmes à s’investir dans la recherche et la santé ?

Je souhaite voir se développer des programmes structurés combinant bourses, stages et mentorat dès le secondaire, puis un accompagnement personnalisé jusqu’à l’accès à la fonction publique ou à l’industrie. Création de réseaux régionaux de femmes en sciences et en santé, accompagnement dans le montage de projets de recherche, et incitations à la mobilité internationale sans exclusion. Des espaces d’échange sûrs et des ateliers sur les carrières, la conciliation vie privée-professionnelle aideraient à réduire les obstacles et à promouvoir l’excellence féminine dans la recherche et la santé.

  1. Quel est, selon vous, le plus grand défi pour l’Afrique aujourd’hui, et comment peut-on y faire face collectivement ?

Le plus grand défi réside dans la convergence des efforts pour assurer une santé robuste, une éducation compétitive et une économie inclusive face à des défis démographiques et climatiques. Il faut renforcer le financement pérenne de la recherche et des systèmes de santé, développer des technologies adaptées localement et favoriser une gouvernance participative. La solution passe par la coopération régionale, l’investissement dans le capital humain, la formation continue et l’accroissement de la transparence. Ensemble, en mobilisant les secteurs public, privé et académique, nous pouvons transformer les défis en opportunité de progrès durable.

  1. Quel rôle la jeunesse engagée peut-elle jouer dans la transformation sociale et économique du continent ?

La jeunesse engagée peut être le moteur d’une transformation sociale et économique durable par l’innovation, l’entrepreneuriat social et le plaidoyer pour des politiques publiques plus équitables. Elle peut impulser des projets de terrain en santé publique, rejoindre des réseaux professionnels, et porter des initiatives communautaires axées sur l’éducation, l’inclusion numérique et le développement local. En s’appuyant sur des formations pertinentes et un mentorat solide, elle peut contribuer à combler les lacunes, attirer les investissements et bâtir une Afrique résiliente, compétitive et prête à relever les défis du XXIe siècle.

  1. Comment conciliez-vous votre passion pour la science avec votre engagement humanitaire et social ?

Je concilie ces pôles par une approche intégrée : la science nourrit l’action humanitaire et, réciproquement, l’action sociale détermine les orientations de mes recherches. Mes projets de recherche s’orientent vers des sujets à fort impact collectif et des solutions transférables en milieu réel. Sur le plan organisationnel, je privilégie une planification rigoureuse, une communication fluide et une collaboration interdisciplinaire. L’équilibre entre vie professionnelle et responsabilité citoyenne s’appuie sur une gestion du temps disciplinée, la délégation des tâches et le souci constant de l’éthique et de la rigueur.

  1. Que diriez-vous à une jeune fille ou une jeune femme qui hésite à poursuivre ses rêves à cause des obstacles ou des stéréotypes ?

Je l’exhorte à croire en sa destinée et à ne jamais sous-estimer le pouvoir de l’effort soutenu. Les obstacles et les stéréotypes existent, mais ils ne définissent pas les possibilités. S’appuyer sur une formation solide, construire un réseau de soutien, solliciter des mentors et segmenter les objectifs par étapes permet de progresser avec confiance. Chaque réussite, même modeste, renforce l’exemple pour les autres. Que chaque choix soit guidé par l’intégrité et le souci du bien commun ; ainsi, les barrières se transforment en marches vers l’accomplissement.

  1. En regardant votre parcours, quel conseil donneriez-vous à la prochaine génération de leaders africains ?

Mon conseil est d’affirmer son intégrité et d’agir avec courage, humilité et persévérance. Cultiver un réseau de confiance et s’entourer de mentors peut accélérer l’apprentissage et sécuriser les choix. Il faut viser l’impact durable plutôt que le gain immédiat, favoriser l’inclusion et promouvoir l’excellence sans compromis. Investir dans les compétences humaines—leadership, communication, travail d’équipe—est aussi important que les compétences techniques. Enfin, rester fidèle à une vision éthique du service public, source de crédibilité et d’inspiration.

  1. Quelles sont vos aspirations personnelles et professionnelles pour les années à venir ?

Professionnellement, je vise le renforcement des systèmes de santé publique, la consolidation de programmes de prévention et l’essor d’un leadership féminin structuré au plus haut niveau décisionnel. Personnellement, je souhaite poursuivre une voie d’équilibre entre vocation citoyenne et épanouissement familial, tout en restant fidèle à l’exigence de l’excellence. Je compte développer des initiatives de formation et de mentorat, renforcer notre capacité à innover localement, et instaurer des collaborations durables avec les institutions régionales. L’objectif demeure d’améliorer durablement la santé, l’éducation et la dignité humaine sur le continent.

  1. Enfin, comment espérez-vous que votre parcours puisse inspirer d’autres jeunes à croire en leur potentiel et à agir pour un avenir meilleur en Afrique ?

J’espère que mon parcours témoigne qu’un engagement discipliné et un souci du bien commun peuvent franchir les obstacles les plus ardus. En montrant que la science et la compassion ne sont pas antinomiques, j’espère inspirer les jeunes à combiner rigueur intellectuelle et sensibilité sociale. Je souhaite faciliter l’accès à l’éducation, promouvoir le mentorat et soutenir des initiatives locales qui transforment les communautés. Que chaque jeune voit en lui-même le potentiel d’innover, de diriger et d’apporter des solutions concrètes et durables pour l’Afrique.

Interview exclusive accordée au Fondateur de Repères Impacts.

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